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L'admission de Van à la CSsR, le 17 octobre 1944

"Mon Père, j'ai été admis dans la communauté, comme vous l'avez vu, à un moment où personne ne s'y attendait, de sorte que les confrères me portaient plus d'attention qu'aux autres. C'est probablement parce que j'étais encore jeune et de petite taille qu'ils avaient pitié de moi. Peut-être aussi que me voyant naturellement simple et sincère dans mes manières comme dans mes paroles, ils étaient portés à s'intéresser à moi pour m'aider de leurs conseils. Oui, c'est probablement en grande partie parce que les confrères trouvaient encore en moi les attitudes de l'enfant, qu'ils me portaient une attention spéciale, pour me corriger. De là que je me plaisais beaucoup au milieu des confrères, et c'est grâce à cela que s'est formé chez moi un esprit de famille solide et durable.

Mais, était-ce uniquement pour cette raison que j'aimais vivre dans la communauté, ou du moins n'était-ce pas pour y chercher une vie plus facile? Pas du tout. En réalité, Dieu a permis que je sois ainsi choyé durant un certain temps, dans le but de panser les plaies de mon coeur, [800] après la longue épreuve que je venais de traverser, et plus encore pour me fortifier en vue des épreuves à venir; car en ce monde, il n'y a pas de héros sans de lourdes épreuves. Dieu, dans sa sagesse en a disposé ainsi. A tout prendre, ma vie de postulant n'avait rien de bien spécial. Extérieurement, je vivais dans le calme comme les confrères; ou s'il y avait quelque différence, elle consistait en ce que je gardais encore les imperfections de l'enfance. Il m'arriva une fois ou l'autre de pleurnicher en présence des confrères. C'était vraiment ridicule, mais il semble bien que Dieu le voulait ainsi pour m'exercer à l'humilité. Aujourd'hui encore, quand je songe à mon comportement extérieur durant mon postulat, je ne puis me retenir de rire. Intérieurement cependant, Dieu m'a introduit dans une vie nouvelle, dans une vie très différente de celle que je menais dans le monde. Il m'a aussi fait connaître le chemin de la perfection et les conditions pour arriver à la sainteté. Toutes ces choses, je ne les comprenais que sommairement, lorsque j'étais dans le monde; mais une fois entré en communauté, Dieu m'a fait voir clairement chaque étape de la route, [801] et les tempêtes que j'aurais à subir. Il n'a rien épargné non plus pour me faire sentir clairement la profondeur de son Amour. Vraiment je menais une vie que je ne peux qualifier autrement qu'une vie de Rédempteur." 

"En peu de temps, après avoir embrassé chaque jour la croix déposée sur mon lit, j'ai compris le sens profond de la vie d'un religieux Rédemptoriste. J'ai compris que le Rédemptoriste doit vivre et mourir comme le divin Rédempteur. Aussi, à partir de ce moment, je ne savais que regarder la vie de Jésus Rédempteur pour vivre la mienne. En lisant l'Evangile, j'ai compris que toute la vie du Rédempteur se résume en une seule pensée: la conformité à la volonté de son Père.

"Ma nourriture est de faire la volonté de celui qui m'a envoyé" (Jean 4.34) "Je suis descendu du ciel pour faire non pas ma volonté mais la volonté de celui qui m'a envoyé".(Jean 6.38) Il ressort de là que toute la vie du Rédempteur se résume dans l'obéissance à son Père. Or, qui oserait affirmer que toute la vie de Jésus a été malheureuse? Et par contre, qui oserait dire qu'elle a été parfaitement heureuse? [802] Non, personne n'osera parler ainsi. De fait, d'après l'Evangile, la vie de Jésus a été un mélange de joie et de tristesse. Mais ce n'est pas lui qui a choisi spontanément une part de joie et une part de souffrances; il n'a fait qu'accepter tout ce qui lui venait de la volonté de son divin Père. Par conséquent, toute sa vie n' est qu'un acte d'humble soumission à la volonté du Père qui renferme toute son oeuvre de Rédemption.

Cependant, pour se soumettre parfaitement à la volonté du Père, que de souffrances, que d'outrages Jésus n'a-t-il pas eu à endurer! "Il s'est fait obéissant jusqu'à la mort, et à la mort sur une croix."(Ph. 2.8) C'est en cette simple phrase que saint Paul résume toute la vie du Rédempteur, mais cette phrase renferme tout le sens de sa vie. M'étant mis à l'école du Rédempteur, mon seul désir était de mener une vie semblable à la sienne. Je savais aussi que l'amour réciproque ne se contente pas de vivre pour le bien-aimé, de vivre l'un pour l'autre, mais qu'il veut encore conformer sa vie à celle de celui qu'il aime. Seule cette ressemblance est capable de satisfaire l'amour et de créer l'unité. [803] Ainsi donc, jour et nuit, je tenais mon regard fixé sur la croix, et j'étais heureux chaque fois que le bon Dieu m'envoyait des croix en surabondance. En vérité, dans mes efforts pour modeler ma vie sur celle de mon divin Maître, Dieu n'a rien épargné avec moi, et j'ai été comblé au-delà de mes désirs." (aut 799-803) (retour au menu)

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